Cité jardin du Rondeau(1921-1966)
1ère cité HLM de Grenoble
La genèse des cités jardin est née des rêves d’humanistes voulant améliorer la condition ouvrière en matière de logements et de santé publique et a été porté par les objectifs ,bien que différents, des patrons d’industrie et des municipalités, souhaitant s’impliquer fortement dans ce domaine à forte connotation sociale.
A Grenoble, l’industrialisation, liée au développement de la houille blanche fut tardive. C’est au début du XXème siècle que la municipalité prit conscience du problème du logement ouvrier au vu de la saturation des anciens quartiers de la ville. Après la 1ère guerre mondiale La décision fut prise de construire plus de 1000 logements sociaux dans plusieurs « cités « ouvrières en créant un office public d’habitations à bon marché (OPHBM).
En 1921, germe le projet de la cité jardin près du rondeau .Le chantier de construction démarre en 1922. En 1924, les premières maisons sont livrées et en 1926, les derniers logements sont occupés.Sur 8,5 Ha (480m X 174m) 210 logements (du 2 aux 5 pièces) sont répartis en 82 groupements d’habitations avec environ 1000 habitants.
Pour l’époque, malgré de nombreuses malfaçons et la qualité moyenne des matériaux utilisés, les logements offrent un confort supérieur à ce que l’on peut trouver dans les quartiers populaires du vieux centre de Grenoble (sans parler des zones rurales !). En 1938, une étude de médecine sur les taux de mortalité et de morbidité dans la cité étaient inférieur aux moyennes de la ville grâce à la qualité de s logements.A son échelle, la cité contribua à l'amélioration de la santé publique.
Hormis le classique cuisine, salle à manger et chambre(s), chaque logement est équipé de l’eau courante, de WC, de buanderie pouvant faire office de salle de bain … et d’un jardin de 250 m3. Dans la cité, une habitation commune abrite des services communs: des salles pour projection ciné, cours, réunions … les lavoirs (ancêtre du « lavomatic » mais gratuit), les bains douches. Les petits commerces de base (café, épicerie, boucher, charbonnier..) sont présents dans la cité et les enfants se partagent entre 2 écoles : Anatole France et Saint Joseph du Rondeau sur le cours de la Libération.
La population est d’origine très diverses : vieux quartiers de Grenoble, communes environnantes, ruraux émigrés en ville, immigration italienne mais socialement très homogène (70% d’ouvriers, 25% d’employés, 5% autres).Si la population était modeste et les conditions de vie difficiles selon nos critères actuels, les différents témoignages décrivent une solidarité et sociabilité très fortes. Etait-ce l’époque ou dans les gênes de la cité, certainement un peu des deux.
Dans toute cette harmonie, il y eu des périodes difficiles : l’après front populaire, l’occupation, puis à l’orée des années 50 ,des revendications plus en phase avec le modernisme comme la demande d’une desserte en transport en commun pour être mieux relié au reste de l’agglomération et l’amélioration des conditions de logements.
En 1950 un ensemble de 4 immeubles avec 70 logements dit « groupe Mistral-Drac » sera construit sur les berges du Drac, ce qui correspond aux abords de l’autoroute aujourd’hui.En Décembre 1955, la ligne de bus n°10 sera créé pour desservir la cité. Enfin, en 1958, face au coût de rénovation de la cité jardin et à la demande grandissante de logements dans l’agglomération, la municipalité et l’OPHBM décide de tout raser et de reconstruire du neuf en densifiant sous forme de grand ensemble (1000 logements au lieu de 200).
La fin de la cité jardin
La destruction de la cité commence en 1964 par le Sud. 4 Barres parallèles dites barres STRAUSS avec un total de 264 logements sont construites et destinées à accueillir la population originelle de la cité. Les réactions sont diverses. Une partie accepte facilement car le confort et la qualité des logements proposée est largement supérieure aux maisons de la cité jardin. Une autre partie acceptent mais voit partir son ancien monde fait de jardins et maisons avec regret (Choisir, c’est renoncer !). Enfin certains ne supportent pas et choisissent un exil définitif.
Dans les années 60, la défense du « patrimoine » et du cadre de vie n’en sont qu’à leurs balbutiements à Grenoble et la cité jardin connut le même destin que le quartier de la mutualité à l’autre bout de la ville, qui fut remplacé par un ensemble d'immeubles de haut standing (au bout de la rue Hébert). Ce n’est qu’au milieu des années 70, dans le vieux centre et à cause de la révolte d’une population plutôt bourgeoise et vieillissante, défendant la façade de l’hôtel des Dauphins (au-dessus de la FNAC), que les notions de protection du patrimoine et du cadre de vie urbain ont été prises en compte par la municipalité de Grenoble.