PontCharra : Cité de la Viscamine et son phalanstère
La création d’une cité ouvrière et de son phalanstère (1928-1930)
Au début du XXème siècle, Joseph Carre est un homme politique local, entrepreneur industriel et visionnaire ambitieux qui dirige une papèterie à Pontcharra (Isère – 40 Km de Grenoble - à la frontière savoyarde). Pour continuer de développer ses activités industrielles, il rachète un brevet permettant de produire de la soie industrielle, la viscose (à base de cellulose) et Il crée la société La Viscamine en 1928.
Sa nouvelle société est l’occasion d’appliquer les théories sociales de Charles Fourier (1772-1837).Pour cela il fait batir le complexe de la Viscamine, composé de nombreux bâtiments :
- l’usine
- de l’ancienne papèterie réaménagée en entrée du futur complexe
- de bureaux dans un immeuble sur deux étages
- de la maison du directeur dite « maison blanche »
- d'un immeuble jumelé pour deux ingénieurs
- de trois villas jumelées pour six contremaîtres
- du logement du chauffeur au-dessus du garage
- de 59 immeubles contenant 310 logements, enfin le phalanstère et son parc au centre du complexe. .
Les théories de Charles Fourier appliquées au phalanstère de Pontcharra
Fourier avait conçu le phalanstère comme un dispositif coopératif, contenant tous les éléments nécessaires à la vie collective, désigné sous le terme de phalange.
Les idées de Fourier se traduisent dans les éléments architecturaux utilisés dans le phalanstère de la Viscamine :
- la cour d’honneur, le principe de la « rue-galerie » facilitant la circulation entre les différentes ailes
- la tour d’ordre dominant la construction en étant le point central,
- la cour intérieure avec « jet d’eau ».
En principe un phalanstère se situe à proximité d’un cours d’eau et pour Pontcharra il s’agit du Bréda. Contrairement au parc, - plate-bande et parterres, jardin, arbres et pelouse - qui correspond aux théories de Fourier, celui du terrain propice à la culture n’est pas visible.
Le bâtiment a été conçu pour accueillir 200 personnes célibataires, hommes et femmes. La séparation des sexes est marquée par la symétrie des ailes du bâtiment. Mais celui-ci en tant que phalanstère fonctionna très peu de temps.
Les différentes fonctions du phalanstère après la fermeture de la Viscamine (1931-1962).
La plupart des familles d’ouvriers resta dans la cité en cherchant du travail aux alentours .A l'inverse, les célibataires logés au phalanstère quittèrent rapidement Pontcharra.
.En 1939, le bâtiment devient un hôpital complémentaire de l’armée française, puis à partir de 1940, est mis à disposition des réfugiés de l’est de la France.
En 1943, les troupes allemandes occupent les lieux. L'usine de la Viscamine devient propriété de la manufacture de caoutchouc Michelin afin de produire la toile pour bandage de pneumatiques mais également la fabrication de remorques.
En 1944-45, plusieurs régiments de militaires et de gendarmes occupent tour à tour le bâtiment. Un état des lieux a été par ailleurs réalisé en décembre 1944 par la direction générale de la police nationale, lors de la réquisition du bâtiment pour devenir une annexe du Centre de séjour surveillé (C.S.S.). L’intérieur a souffert de différents passages de troupes.
En 1945, le rez-de-chaussée est utilisé à plusieurs reprises pour accueillir fêtes et bals populaires.
En 1947, les Houillères de Saint-Étienne rachètent le phalanstère. Elles l’adaptèrent pour recevoir annuellement jusqu’en 1962 les colonies de vacances destinées aux enfants de leur personnel.
le bâtiment devient lycée (1962- )
En 1962, à la suite d’un accord entre les ministères de l’Industrie et de l’Éducation nationale, la colonie est vendue pour devenir un lycée.
. Au départ, le phalanstère conserve la fonction de dortoir et d’internat .Des préfabriqués installés au nord du bâtiment servent de salles d’enseignement au lycée municipal mixte, géré par le lycée Champollion de Grenoble. Un bâtiment annexe, préfabriqué, est construit en 1963 pour accueillir des salles d’enseignement scientifique.
En 1980, le lycée de Pontcharra devient indépendant. Les préfabriqués disparaissent et le phalanstère perd sa fonction d’internat pour devenir un lieu d’enseignement à part entière.
En 1984, le lycée prend la dénomination de Pierre-du-Terrail, en hommage au chevalier Bayard, né au château Bayard de Pontcharra..
Divers aménagements intérieurs sont réalisés les années suivantes, particulièrement ceux des classes en 1992. Mais ce n’est qu’en 2002 qu’une grande restructuration est entreprise.
L’augmentation des effectifs, engendre de nouvelles contraintes. Pour gagner de la place, il est envisagé de combler la piscine et de construire un nouveau préfabriqué avec salles de classes supplémentaires.
Face à ces nombreuses mutations les théories de Charles Fourier, mise en pratique par Joseph Carre pour le phalanstère ne semblent plus d’actualités dans le futur.
Historique de l’usine
1928-1929 : Construction de l'usine de la Viscamine, de la cité ouvrière et du phalanstère.
1931 : Fermeture de l'usine de la Viscamine.
À partir de 1943 acquisition de certaines parcelles de la cité par des particuliers.
1943-1952 : Bail de 9 ans par la manufacture de caoutchouc Michelin de l'ensemble des bâtiments. Production de la toile pour bandage de pneumatiques et aussi fabrication de remorques.
1952-1958 : Locaux de l'usine inoccupés après le départ de Michelin.
1958 : Acquisition des bâtiments par la société Olivetti pour y installer un centre de formation en mécanographie.
1979 : Fermeture du centre de formation. Vente de la totalité des bâtiments et dépendances à la mairie de Pontcharra.
1979-2014 : Diverses occupations ; ventes des locaux et terrains.
Sites plus explicatifs :
http://patrimoine.rhonealpes.fr/recherche/globale?texte=Pontcharra