Ligne VFD Grenoble - Oisans via Uriage et Vizille

Histoire de la ligne Grenoble - Uriage - Vizille - Bourg d'Oisans

Fin du XIXème siècle, la révolution industrielle basée sur une nouvelle source d’énergie la houille blanche découverte en 1869 booste le département de l’Isère. Si l’ouest (bas-Dauphiné) est resté rural, l’Est connait une importante croissance économique du à au développement de l’industrie papetière, à l’émergence de l’électro chimie, de l’électro métallurgie et de la force hydraulique ainsi que l’extraction minière (charbon du plateau matheysin, métaux…)

Ces nouvelles activités économiques nécessitent des moyens de transports autrement plus performants que des chariots hippomobiles et des diligences pour le déplacement des hommes et des marchandises. La mer est loin, l’avion n’existe pas, l’automobile n’en est encore qu’aux balbutiements, c’est le chemin de fer qui sera le vecteur de cette croissance jusqu`à l’aube des années 1950.

Grenoble possède sa gare depuis 1858. En 1876, Jarrie a la sienne sur la ligne qui relie Grenoble au Sud de la France par les Alpes. La conjonction des demandes des industriels de la vallée de la Romanche et de la ville de Grenoble en transport en commun permet à la compagnie VFD (Voie Ferrée du Dauphiné) d’obtenir la concession de la ligne de chemin de fer Grenoble-Bourg d’Oisans en 1893.

2 tracés sont possibles. Le 1er passant par Le Pont De Claix est le plus rapide, le moins cher à construire donc le plus rentable économiquement. Mais c’est le trajet par Uriage qui est finalement choisi sans doute grâce à la pression amicale de la station thermale. La VFD commet là une grossière erreur stratégique.

VFD installe sa ligne à écartement métrique entre Grenoble et Bourg d’Oisans (54,7 km) via Uriage, Vizille, Séchilienne et Livet Gavet en utilisant des tramways et des trains de marchandises à vapeur. Rapidement, face aux récriminations de la ville de Grenoble et à la concurrence de la SGTE qui est déjà équipée de tramways électriques, elle électrifie sa ligne jusqu’à Vizille (22 km). Le reste ne sera jamais électrifié malgré la présence d’une pléiade de centrales hydrauliques dans la vallée de la Romanche.

VFD fait des bénéfices mais cela n’est pas suffisant pour amortir les investissements et tout part progressivement au va l’eau (matériel à bout de souffle, personnel sous-payé…). En 1920, Le département de l’Isère rachète la compagnie et la transforme en régie départementale. Il la modernise et cela lui permet de résister à l’émergence des nouveaux moyens de transports pneumatiques (autobus, voitures particulières et camions) malgré le handicap de la liaison Vizille, Uriage et Grenoble (Le temps en tramway est de 54 minutes contre 45 minutes pour un autobus passant par Le Pont De Claix).

VFD rachète ses concurrents un par un et s’équipe d’autobus. Mais la seconde guerre mondiale donne un coup d’arrêt à cette politique et un répit au tramway car l’essence est fortement rationnée. Il tourne à plein régime jusqu’à la fin de la guerre malgré la pénurie de pièces détachées et grâce au dévouement de son personnel.

En 1946, tout est à bout de souffle et les investissements à consentir sont trop importants. Progressivement, jusqu‘à la fin de l’année 1948, la ligne voyageur est fermée par étapes et remplacée par des autobus. La ligne Grenoble-Vizille reste ouverte pour le transport marchandises jusqu’en 1951(avec quelques rames pour voyageurs le Dimanche après-midi) puis est démantelée. La ligne partant de Jarrie vers l’Oisans via Vizille reste toujours ouverte pour le transport marchandises.

Plan de la ligne

Itinéraire en photos

1- Départ Grenoble Polygone

2- Place de la gare, rue Felix Viallet, Place Victor Hugo et Bd Agutte Semba

3- Square Docteur Martin

4- Porte Très-Cloitre

5- Traversée du quartier Croix-Rouge - Biscuiterie Brun

6- Traversée sur pont au dessus de la voie de chemin de fer Grenoble-Chambéry

7- Gare de Gières ( à gauche direction Domène, à droite direction Uriage)

et sortie de Gières

8- Entre Gières et Uriage (Combe de Gières, Sonnant d'Uriage)

9- Arrivée gare d'Uriage

10- Traversée d'Uriage

11- Vaulnaveys le haut ( entrée  les Alberges, place du village, sur la route vers Vizille )

12- Vizille Dépot

13- Vizille

14- Vizille Terrasse - changement de mode de traction

15- Péage de Vizille

16- Ile Falcon

17- Séchilienne

18- Gavet

19- Rioupéroux

20- Livet ( maison du directeur de la SKL Charles Keller qui a servi de décor au film "les rivières pourpres")

21- Rochetaillée

22- Terminus : Bourg d'Oisans

Comments

[Ariane]

Merci pour cet article très bien documenté (notamment les images). Pendant des années (1980s) j'ai pris le VFD de Grenoble à l'Alpe d'Huez pour les vacances d'été, enfant J'avais bien remarqué ces restes de voies ferrées autour de Vizille, en direction de Gavet, et je me doutais que les "gares" de bus avaient eu une autre vie, c'est confirmé! J'étais aussi fasciné par le pavillon Keller et les bâtiments industriels de Livet-Gavet, mais c'est une autre histoire.