Grenoble du second empire à la belle époque 1871-1914
Ce post résume l'histoire de Grenoble depuis la naissance d'une nouvelle république ( la numéro 3) en 1871 sur les ruines du second empire napoléonnien (Napoléon III) jusqu'à la fin de la "belle époque" en 1914 juste avant la 1ère guerre mondiale.
Pour des raisons économiques et non par une quelconque volonté militaire stratégique, Grenoble s'étend en conquérant peu à peu son propre territoire.
Entre 1870 et 1914, la superficie de la commune n'évolue guère si ce n'est l’annexion du quartier de la Porte de France et de l’Esplanade au détriment de Saint-Martin le Vinoux.
En 1871, deux villes se font face . A l'Est, le centre historique ceinturé par les remparts, comprend la vieille ville, les nouveaux quartiers construits autour de la place de Verdun et de la Préfecture, et quelques faubourgs (St Joseph, La mutualité) rattrappés par l'urbanisation . A l’ouest, depuis le début du XIXème siècle, des quartiers essentiellement peuplés d'ouvriers ont émergé entre de la nouvelle gare de chemin de fer et le Drac .
Pour gagner de la place afin de ne pas entraver l’expansion économique de la ville, la bourgeoisie s’organise pour faire déplacer les remparts. En 1875, les travaux commencent en détruisant les enceintes séparant les 2 "villes" et en étendant les remparts vers l’ouest jusqu’au Drac et au nord entre l'Isère et le Drac. En 1879 les travaux sont terminés. Tandis que l’extension urbaine précédente était centrée autour de la Place de Verdun, celle-ci va imposer un nouveau centre autour de la place Victor Hugo.
il faudra 30 ans pour occuper les nouveaux terrains libérés séparant l'Est et l'Ouest et raccorder ainsi les 2 "villes". La prolongation de le Bd E. Rey au Nord necessite la destruction des hospices civils et militaires et l’Arsenal Créqui . Après négociations avec l’armée, les travaux débutent en 1903 et s'achèvent vers 1913. Cependant,celle-ci réinvestit au Sud de la ville les terrains près des nouvelles enceintes en installant deux casernes : la caserne Hoche et la caserne de Bonne transférée depuis la place Victor HUGO.
Le transfert de l’hôpital à l'Est sur la commune de La Tronche favorise l’urbanisation du quartier de l’Ile Verte essentiellement le long de son axe central : l’avenue du Maréchal Randon .
A l’Est et au Sud, l'ajout de nouvelles portes pour favoriser la circulation vers l’extérieur, facilitent , à partir de 1900 la création des futurs quartiers de l "expansion" : L'Ile Verte, La Capuche, les Eaux-Claires,la Bajatière, l’Abbaye et le Grand Chatelet. La densification du sud grenoblois se poursuit jusqu’à la guerre 14-18, avec en particulier l’installation d’équipements publics (comme l’école Normale de garçons) et de nouveaux équipements militaires (Caserne Bayard). Vers 1900, cette zone compte déjà 4000 habitants (ce qui commence à compter face aux 75000 habitants de Grenoble centre). A la veille de la première guerre mondiale, en plus des futurs quartiers de l'Expansion, toute la zone comprise entre la vieille ville et le Drac est urbanisée.
Avec la révolution amenée par l'arrivée de la houille blanche en 1869,l'expansion économique s'accélère et le poids de l’industrie augmente et se diversifie. A coté des industries traditionnelles (ganterie), les industries métallurgiques et hydro-électriques font leur apparition, avec une emprise importante des espaces à l’ouest de la ville dans le quartier Berriat (Bouchayer_Viallet, Joya, Raymond Bouton etc…). Les grands patrons de l'industrie investissent aussi la vie politique , en particulier E. Rey (gantiers) et A. Gaché élus maire de la ville.
Cette industrialisation rapide nécessite un nouvel apport de main d’oeuvre. La population grenobloise augmente rapidement en passant de 40000 à près de 80000 habitants entre 1871 et 1914. Mais la répartition spatiale de cette population change par rapport au début du XIXème siècle. Pendant que la vieille ville décline (mais elle était surpeuplée dans un habitat de plus en plus dégradé), elle augmente considérablement dans le quartier de la Place d’Armes (Verdun), centre de l’enceinte Haxo, et hors les murs d'enceintes. Le nouveau centre ( ou "nouvelle ville ") attire de plus en plus la bourgeoisie au détriment des vieux hôtels particuliers de la vieille ville.
Mais c’est surtout l’Ouest qui voit sa population augmenter (la moitié des grenoblois y réside en 1901), résultat de l’industrialisation des quartiers Berriat et de la Gare. L’immigration progresse durant cette période, avec en particulier celle d'origine italienne localisée dans les quartiers Saint Laurent et Très Cloîtres.
Grenoble compte ainsi 25% d’ouvriers (essentiellement vers Berriat), 15% de militaires, 10 et 5% de professions libérales et d’employés (qui s’installent de plus en plus vers Berriat), 6% de patrons et 4% de domestiques (localisés vers le nouveau centre).
AVANT / APRES déplacement des remparts
Grenoble en 1875 : A droite , la ville place forte , à gauche les quartiers ouvriers de la gare et de Chorier-Berriat-St Bruno
Quelques édifices militaires avant 1880
Caserne Bonne qui a été déplacée au Sud pour laisser l'installation de la place Victor HUGO (derrière le clocher de l'église St Louis
Vieille ville à la belle époque
Place Grenette avec le tramway . A gauche bâtiment des nouvelles Galeries / Galerie Lafayete avant son hideux placage en métal sur sa façade
Rue St-louis. N"existe plus depuis 1908 car les batiments de gauche eont été rasés. Elle est le parvis de l'église st-Louis
Lycée Stendahl - les batiments de gauche eont été rasés pour laisser place à la hideuse maison du tourisme
A coté du jardin de ville, le bâtiment de la manutention (ancien couvent des Augustins) détruit pour laisser place au parking Philippeville
Place de l'Octroi 1911 ou place des Alpes . Devenue aujourd'hui Place Paul Vallier. Au centre gauche de la photo, ancienne prison St Joseph
Caserne Vinoy (limite centre historique et Ile-verte) aujourd'hui rasée et devenu le musée de peinture de Grenoble
Rive droite Isère (Esplanade, St Laurent, Bastille, Chalemont)
Construction du pont reliant rive droite de l'Isère à la porte de France en 1890 (Bibliothèque municipale de Grenoble)
Extension du périmètre de la ville due à l'enceinte HAXO
réalisée entre 1836 et 1850 . Elle a permis la création d'un premier quartier de type Hausmannien ( autour de la place de Verdun - ancienne place de la constitution) et d'intégrer les faubourgs très-Cloitre-Mutualité et St Joseph au centre-ville
Projet Nouvelle ville
L'équivalent au XIXème siècle du projet Villeneuve . Ce sont l'ensemble des quartiers qui ont été construits après la suppression des remparts entre la vieille ville et les quartiers de la Gare et Chorier-Berriat-St Bruno
Déjà existant depuis la fin du XVIIème siècle. Après avoir été au milieu des champs, il est maintenant en pleine zonz urbaine
Lycée Champollion ( D'abord uniquement lycée de garçons avant de devenir mixte - construit autour de 1885)
Du nouveau à l'Ouest
Etablissement Bouchayer-Viallet - entre le Drac et la rue Ampère. A l'arrière Le Moucherotte dans le massif du Vercors
Au Nord-Ouest de Grenoble, quai de l'Isère avec le quartier des abattoirs (devenu Quartier Jean Macé)
Les débuts de l'aviation sur l'aérodrome Grenoble-Fontaine (fermé en 1936 et remplacé par l'aéroport Mermoz jusqu'en 1967). La sécurité des pilotes et des passagers n'étaient pas trop une priorité à cette époque
Futurs quartiers de l'Expansion
Passé les remparts du Sud et de l'Est grenoblois, c'était encore la campagne
La France à la belle époque
photos issus du diaporama de Patagon
La mode féminine évolue. Fini les robes ramasse-poussières, les femmes montrent leurs chevilles. En 1964, ce sera l'invention de la mini-jupe par l'anglaise Mary Quant
La France est un pays riche. C'est la 3ème puissance industrielle d'Europe après le Royaume uni et l'empire allemand
La France est une grande puissance financière et prête à d'autres pays notamment à l'empire russe. Ici un emprunt russe qui a ruiné des millions d"épargnants français après la prise de pouvoir des bolchéviks en 1917
La France est encore un grand pays rural. Avant 1914 , on parle encore beaucoup le patois et les langues régionales. Il faudra attendre les années 30 pour que la majorité de la population française devienne urbaine
La France est l'une des rares républiques d'Europe . On est sous le régime de la IIIème république. Ici la chambre des députés
C'est une époque de grands changements sociologiques, économiques et technologiques. Ici Olga Petit la 1ere femme avocat en 1900. Les femmes n'auront le droit de vote qu'en 1944
En 1905 est voté une loi qui abroge le concordat de 1801 sur tout le territoire français sauf les 3 départements d'Alsace-Lorraine occupés par les allemands et la Guyane (pour l'église catholique uniquement). La France devient un état laïc
L'inventaire des biens de l'église et l'expulsion de certaines congrégations (par exemple les chartreux dans la région de Grenoble) provoque des troubles.
Cette catastrophe provoqua de nombreuses grêves nationales qui débouchèrent sur l'instauration d'un repos hebdomadaire
L'affaire Dreyfus: une sombre affaire d'espionnage qui divisa la France en 2 camps irréconciliables. Condamné au bagne en Guyane a perpétuité en 1894, il fut réhabilité en 1906
Georges Clémenceau , ministre de l'intérieur leur envoie l'armée pour les réprimer ( il n'y avait pas de CRS à cette époque) mais les conscrits refusent de tirer sur la foule
Après la défaite de 1870 face aux prussiens, la France az du céder les 3 départements de l'Alsace et la Lorraine germanique. L'objectif a toujours été de les récupérer . Dès leur plus jeune âges les petits français baignent dans le patriotismeionaliste. La
Toute l'Europe est prise dans cette frénésie nationaliste. Dès la fin du XIXème siècle la France s'est rapprochée de la Russie. En 1904, elle complète cette triple-entente en s'alliant avec le Royaume uni. De son côté, L'empire allemand s'associe avec l'Italie et l'empire austro-hongrois pour créer la triple-alliance
Dans cette ambiance chauffée à blanc par les différentes puissances européenne, une simple étincelle suffit pour déclencher un conflit . Ce sera l'assassinat de l'archiduc François-Joseph et de son épouse en Aout 1914 à Sarajevo en Bosnie-Herzégovine par un terroriste serbe qui allumera la mêche