Métropole - la ceinture rouge (Fontaine, St Martin d'Hères et Echirolles)
Depuis le début des années 20 (XXème siècle),Paris etait enserré par une ceinture de banlieues à direction communiste. Au fil des élections municipales depuis 30 ans, entre son apogée (1977-1983) et les élections municipales de 2014, celle-ci s'est bien délitée. La majorité des communes de Seine Saint Denis (le 9-3), pendant longtemps le département le plus rouge de France avec le Val de marne (le 9-4) est passé sous le pavillon de partis et de coalitions de droite.
Tel ne fut pas le cas pour Grenoble. En 2014, la ville centre elle-même a troquée une alliance PCF-PS-Modem contre une coalition d'extrême-gauche EELV-Parti de Gauche. Bien que beaucoup plus petite mais ajustée la taille de l'agglomération, la ceinture rouge grenobloise est composée des 3 plus grosses banlieues : Echirolles, Saint-Martin-d'hères et Fontaine soit environ 100 000 habitants ,entre 20 et 25% de la population de la métropole grenobloise. En 2014,malgré les vents contraires ( la droite ayant raflé la mise au niveau national) et malgré une concurrence vive au niveau local, la ceinture n'a pas craquée.....
Au temps jadis...
Jusqu'à la fin du XIXème siècle, rien ne différencie ces 3 communes (Fontaine, Echirolles, St Martin d'Hères), qui sont à l'époque de simple villages ruraux parmi tant d'autres gravitant autour de Grenoble. La vie est alors exclusivement rurale essentiellement basée sur la petite exploitation familiale avec polyculture et élevage . Tout change lorsque les implantations industrielles de Grenoble débordent sur ces 3 futures banlieues à la fin du XIXème pour Fontaine et St martin d'hères et après 1925 pour Echirolles.
De plus en plus de jeunes ruraux deviennent ouvriers et des immigrés (étrangers ou français) s'installent, attirés par les salaires de l'industrie et les facilités d'une vie citadine. La démographie évolue , devenant à majorité ouvrière (50 à 70% d'ouvriers en 1965) et ces 3 cités commencent à se différencier des autres communes de la couronne grenobloise, restées rurales ou se transformant en zones résidentielles, destinées à une population plus aisée (classes moyennes et autres).
Le pouvoir politique glisse alors d'un monde paysan et rural vers un monde ouvrier et citadin banlieusard. C'est dans ce microcosme qu'émerge le PCF, parti de la classe ouvrière né en 1920 d'une scission entre communistes et socialistes. En 1945, parti alors en pleine ascension (28% des voix au niveau national) et parti de gauche le plus puissant de l'agglomération (plus de 30% des voix à Grenoble entre 1945 et 1959), le PCF s'empare des mairies de ces 3 communes, qu'il conserve depuis lors malgré l'effondrement du parti depuis 1980.
En 1965, sur les 6 conseillers généraux de l'agglomération, soit environ 280 000 habitants , 2 sont encartés au PCF (2 à la SFIO, 1 à l'UNR Gaulliste et 1 centriste).
Parti par essence totalitaire (« la fameuse dictature du prolétariat « ), cette église laïque s'est immiscée dans tout les aspects de la vie communale au point de retrouver des nombreux noms de rues identiques dans ces 3 communes reflétant ainsi une culture communiste spécifique.
Fontaine
Longtemps Fontaine n'est resté qu'un modeste bourg rural sans histoire dont l'emplacement correspond aujourd'hui au quartier de La Poya – Vivier. Accroché au pied de la falaise montagneuse du Vercors, et légèrement surélevé, pour éviter les crues du Drac, ce n'est qu'un satellite de la baronnie de Sassenage, un des villages voisins.
En 1826, un pont est construit entre le cours Berriat (Grenoble) et Fontaine pour relier Grenoble à la route de Valence. Vers 1860, une partie des territoires fontainois situés au Nord du cours Berriat, sur la rive droite du Drac sont annexés par Grenoble.
A la fin du XIXème siècle, un ensemble d'usines (cuir et métallurgie) et de logements ouvriers s'installent au débouché du pont suspendu reliant le cours Berriat et Fontaine et constitue le quartier Saveuil. En 1889, un 2ème pont reliant le quartier Berriat et le quartier Saveuil à Fontaine est construit.
En 1921, la ville est éclatée en 3 parties. A pied de la falaise, le noyau rural ancien rassemble 600 habitants (20%). Au bord du Drac à la sortie des ponts,le petit centre urbain regroupant Saveuil et les rues avoisinantes compte plus de 2000 habitants (72%). Entre les 2, au centre géographique des champs et des fermes où vit environ 250 personnes (8%). 25 ans plus tard, la ville est passé à 7500 habitants avec l'ancien village tombé à 500 habitants et une urbanisation, partie depuis les 2 ponts qui a déjà avalé une grosse partie des champs.
En 1942, les relations avec la ville centre se tendent suite à un projet de rattachement de communes limitrophes à la municipalité grenobloise. Cette opposition pèsera lourd dans l'après-guerre pour les questions d'aménagement au niveau de l'agglomération.
En 1950, Fontaine est encore la commune de banlieue la plus peuplée et connait une croissance forte et régulière mais passe en seconde position derrière St Martin d'hères en 1965. Elle est l'une des premières à avoir conçu un plan global réunissant viabilisation , d'équipements collectifs, logements sociaux et de zones à industrialiser. De nouvelles usines s'installent en 1956 sous les falaises du Vercors au Sud de l'ancien village .Bien que vivant en symbiose avec Grenoble, Fontaine cherche à conserver son indépendance politique vis à vis de la ville centre.
Fin du XXème siècle, les usines ont disparu de Saveuil et les anciens champs agricoles ont été urbanisés permettant à la commune de passer de 7500 à 22500 habitants en 1968, chiffre qui n'a guère évolué depuis. Malgré l'ouverture d'une nouvelle zone industrielle au Nord de la ville, aucune locomotive ne s'est installée dans la ville. Fontaine est l'une des communes les plus pauvres de l'agglomération (mais bénéficiant de la solidarité d'une métropole régionale plutôt aisée) cumulant le manque d'industrie et la présence d'une population à revenu modeste.
De 1947 à 1983, le PCF règne en maître sans aucune opposition sur la commune. La sociologie lui est très favorable (le vote ouvrier lui étant complètement acquis) et la venue d'autres classes sociales, autre que nomenklatura communiste n'est pas franchement souhaitées.
Entre 1983 et 2008, les oppositions (droite, socialistes) apparaissent avec l'arrivée d'une nouvelle sociologie (immigration extra européenne, employés et cadres moyens).
En 2008, 1er coup de grisou, le PCF sauve son fief d'un cheveu aidé par le maintien d'une liste de droite face à une opposition socialiste (85 voix de différence). En 2014, le PCF conserve la mairie malgré la présence de 6 listes concurrentes mais avec un poids réduit à 33% des votants (participation de 61% au 2ème tour)
Vue de Fontaine depuis la tour sans venin (Fin XIX / début XXème siècle) - bibliothèque municipale de Grenoble
Le petit chateau (Chateau de la Rochette) à l'entrée de La Poya. Remis à neuf il y a quelques années
Nouvelle mairie de Fontaine '( construite début des années 70) _ au centre géographique de la commune
Pont aux arches qui a remplacé le plont suspendu en 1937. Il a été détruit par les allemands en Aout 1944 puis réparé
Centre ancien-Haut-Briand - avenue Aristide Briand. Ancien site du restaurant La cloche , rasée dans les années 90
Centre ancien-Haut-Briand - avenue Aristide Briand - Dernier cinéma de Fontaine dermé dans les années 80 puis rasé
St martin d'hères
Isolé au bas des collines du Murier dans la continuité des balcons du massif de Belledonne, St martin d'Hères est resté pendant des siècles un petit village rural avant d'être envahi par l'étalement industriel de Grenoble. Dès 1902,le faubourg de la Croix rouge ,qui jouxte le sud-Est de Grenoble se transforme en quartier ouvrier en accueillant Neyret, une grosse usine de construction de machines ainsi que de nombreux logements ouvriers. Entre ce nouveau quartier et l'ancien village, des champs agricoles occupent l'espace sur lesquels vivotent une polyculture et un peu d'élevage. Après le 1er conflit mondial, la commune accueille 4 nouvelles grosses entreprises ; Picard et Pictet, fabricants de turbines hydrauliques, biscuits Brun, industrie agro-alimentaire, une grosse teinturerie et une entreprise de BTP. L'urbanisation progresse rapidement et la ville devient la 2ème ville de banlieue en population dès 1936.
Après le second conflit mondial, elle atteint 6000 habitants répartis en 3 gros secteurs:80% de la population habite Croix-Rouge, 250 personnes (< 5%) résident dans le vieux village et 10% habitent au lieu-dit nommé Teysseire.
Au début des années 60, la ville doit faire face à 2 nouveaux problèmes. Du point de vue financier, la création imposée du campus universitaire sur plus de 100 Ha (183 Ha avec la commune de Gières) n'arrange pas les affaires de la ville . Les projets autoroutiers prévus au niveau de l'agglomération et qui coupent le territoire de la commune n'améliorent pas le cadre de vie. Avec une croissance démographique qui se poursuit jusqu'en 1968 (en 20 ans, la population passe de 6000 à 33000 habitants), la ville devient la banlieue la plus peuplée. En 1971, la gestion de la mairie PCF est en perdition et sauve la mise en s'alliant aux socialistes. L'opposition de droite est facilement écrasée.
Jusqu'en 2008, la municipalité PCF avec ses supplétifs de gauche (PS, Divers gauches) est reconduite au 1er tour à chaque scrutin municipal. En 2014 , le PCF et ses alliés (41% des voix) doivent attendre le 2ème tour pour conserver les manettes de la municipalité.
Sortie de St martin d'Hères en direction de Gières avant création de la rocade Sud et de la zone commerciale
Echirolles
En 1833, Echirolles est promue commune par démembrement des 2 communes voisines Grenoble et Jarrie. Pendant les 90 années qui suivent, ce bourg rural de 600 habitants continue à vivoter sous la férule de paysans cultivateurs sans grand changement. En 1926, la société SNV (société nationale de la Viscose) installe une grosse unité de production de fil artificiel à Grenoble à la limite nord d'Echirolles et construit 2 cités d'habitation dont l'une est installée sur le territoire de la commune. C'est le début d'une formidable croissance démographique qui va durer 50 ans (1925-1975).
La 1ère période de croissance entre 1926 et 1931 fait passer la population de 800 à 2700 âmes et propulse Echirolles d'un monde rural et français dans un mode majoritairement ouvrier et cosmopolite grâce à la cité Viscose qui concentre plus de 60% de la population.
Le développement industriel et la croissance démographique est une volonté délibérée de l'équipe municipale PCF qui prend le pouvoir en 1945.A la fin des années 50, la ville reste éclatée en 3 pôles : la Viscose/Ponatière à l'ouest contre le Drac, le lotissement de la commanderie à l'Est et l'ancien village au Sud et au milieu des champs qui représente encore les ¾ du territoire...
1960 est un tournant. Le lotissement de la Commanderie est doublé mais ce sont des grands ensembles HLM ou de standing moyen qui sortent de terre (La Luire, le Village...). Echirolles abrite 7000 habitants dont 4000 dans le secteur Viscose-Ponatière-Luire), 1500 dans l'ancien village, 600 à la Commanderie et le solde au Nord encore peu urbanisé.
les ambitions montent d'un cran. Le projet de la ZUP, qui est l'extension de la grande ZUP de 330 Ha prévue dans le Sud de Grenoble est acté. Il doit aider à doubler la population. La commune garde la main sur ce projet en choisissant son propre chef architecte. La villeneuve d'Echirolles et ses différents quartiers les Essarts, les Granges,Surieux sont les résultats de ce projet et accueillent leurs premiers habitants au début des années 70.
En 1982 Echirolles atteint son pic de population. Elle est passée en 20 ans à 37000 habitants (+30 000) et ce chiffre n'évolue plus depuis.A fin des années 90 , les derniers champs disparaissent du centre géographique au profit d'un nouveau centre-ville où est installée la nouvelle mairie.
Jusqu'en 2008, la municipalité PCF et ses supplétifs de gauche (PS, divers gauche) a toujours été reconduite dès le 1er tour à chaque scrutin municipal .En 2014 , le PCF et ses alliés (46% des voix) doivent attendre le 2ème tour pour conserver la direction de la municipalité.
Echirolles - Cité Viscose (1/2) : une cité jardin ouvrière - GRENOBLE - la ville et sa région
Echirolles au début du XXème siècle Avec ses quelques 800 habitants dans les années 1920, Echirolles demeure une commune rurale. Elle est concentrée sur son activité traditionnelle : la cultu...
http://grenoble-cularo.over-blog.com/2015/03/echirolles-cite-viscose-une-cite-jardin-ouvriere.html