Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
GRENOBLE - la ville et sa région Plans, photos et images

Grenoble occupée-1ère partie (1942-1943) : les italiens

jean martin

Le 8 novembre 1942, les Allemands envahissent la zone libre et le 11 Novembre 1942,ils laissent les Italiens occuper les 7 départements à l'Est du Rhône, dont l'Isère. Sous le commandement du Général de Castiglioni, la division Pusteria arrive à Grenoble.

Castiglioni n'est pas un fervent partisan de Mussolini : comme d'autres officiers italiens, il n'admet pas la persécution des Juifs. Il va obtenir du préfet de l'Isère Didkowski la libération des Juifs que ce dernier venait de faire arrêter. Profitant de cette attitude compréhensive, des organisations clandestines juives vont prospérer telles le MJS (Mouvement des Jeunesses Sionistes) et le CDJC (Centre de Documentation Juive Contemporaine).L'armée italienne ne dispose pas de sa propre administration : les domaines administratif, policier et économique dépendent alors des autorités françaises de Vichy. Les Grenoblois résistants agissent plus contre Vichy et les collaborateurs que contre les Italiens.

Grenoble fin 1942...

Libre de toute occupation militaire, bénéficiant d'une relative prospérité économique grâce à un important tissu industriel et d'une production agricole variée malgré un sol ingrat, Grenoble a passé  les 2 dernières années (1940-42) dans un attentisme confortable et apparaît comme un lieu privilégié dans un océan de misère ce qui amène un afflux continu de réfugiés dans le département.

 

Pendant l'été 1942, la situation se détériore . La disette et la pénurie s'aggrave partout en France et le gouvernement de Vichy décide d'une répartition nationale des ressources pour combattre ces fléaux. Avec le début des persécutions violentes et les 1ère rafles de Juillet 1942 en zone occupée, le flot de réfugiés augmentent brutalement dans une ville déjà surpeuplée.

 

Avant l'arrivée des italiens, Grenoble et sa région était déjà entré dans la guerre.

 

Vue de Grenoble en 1942 depuis le bout de la presqu'ile

Vue de Grenoble en 1942 depuis le bout de la presqu'ile

Grenoble 1943, place Notre Dame, la vie continue malgré tout

Grenoble 1943, place Notre Dame, la vie continue malgré tout

La piscine municipale est toujours ouverte. (Photo de 1943)

La piscine municipale est toujours ouverte. (Photo de 1943)

et les enfants peuvent encore se rencontrer hors des horaires de couvre-feu (photo de 1943 prise devant les établissements Bouchayer Viallet dans le quartier Berriat)

et les enfants peuvent encore se rencontrer hors des horaires de couvre-feu (photo de 1943 prise devant les établissements Bouchayer Viallet dans le quartier Berriat)

La pénurie s'installe, on cherche des produits de remplacement comme le gazogène pour les autos ou la chicorée à la place du café. Sur cette photo, une foire aux produits de remplacement dans le palais de la houille blanche (construit pour la foire internationnale de 1925 et détruit au début des années 60)

La pénurie s'installe, on cherche des produits de remplacement comme le gazogène pour les autos ou la chicorée à la place du café. Sur cette photo, une foire aux produits de remplacement dans le palais de la houille blanche (construit pour la foire internationnale de 1925 et détruit au début des années 60)

L'occupation italienne

Grenoble occupée-1ère partie (1942-1943) : les italiens

 

Novembre 1942 : apparition des Groupes Francs (la branche armée de la Résistance) à Grenoble, lorsque la ville passe en zone occupée. Paul Gariboldi (pseudo :Paul Vallier) organise un véritable "maquis urbain", multipliant les exécutions et les sabotages. Les formations paramilitaires des différents grands réseaux de résistance : Combat, Libération et Francs-Tireurs fusionnent dans un même ensemble les MUR (Mouvements Unis de la Résistance). Le Général Delestraint (dit "Vidal") devient chef national de l'AS (Armée Secrète) le bras armé des MUR. La section iséroise est commandée par Samuel Job, puis par Albert Reynier.

 

Novembre 1942 : Proche de l'AS par ses objectifs, l'ORA (organisation de la résistance armée) émerge des décombres de l'armée d'armistice. Elle dispose d'une organisation soudée et d'un armement planqué dans les caches d'armes patiemment organisées par les militaires. A Grenoble , c'est le commandant Albert Seguin de Reyniès qui prend la direction régionale de l'ORA.

 

11 décembre 1942 : Un système de gestion des cartes d'identité est  mis en place par les allemands (toujours en vigueur actuellement).Pour les juifs, l'obligation est d'apposer la mention "JUIF" sur leurs cartes d'identité  mais pas le port de d'étoile jaune dans l'ancienne zone non occupée.

 

Décembre 1942 : Eugène Chavant, Eugène Samuel et Aimé Pupin installent le premier maquis sur le plateau du Vercors afin de créer une base d'accueil pour les éléments aéroportés alliés. Un des maquis de Chartreuse bénéficie de l'aide de l'Abbé Grouès (l'Abbé Pierre) et d'André Demirleau (charpentier à Voreppe).

 

janvier 1943 : création de la milice française.

 

16 février 1943 : Début du STO : les jeunes hommes âgés de 21 à 23 ans ont l'obligation d'aller travailler en Allemagne pendant deux ans. Les réfractaires se cachent ou rejoignent les maquis. Ceux qui se réfugient dans le Vercors sont très vite pris en charge par la résistance locale, essentiellement des officiers de bataillons de chasseurs alpins dissous et d'anciens élèves de l’école des cadres d’Uriage. Le ravitaillement, l'argent, les nouvelles et les directives transitent par Grenoble. Dans le même temps, Vichy ordonne une nouvelle rafle de Juifs, mais les autorités italiennes bloquent l'opération .

 

24 avril 1943 : arrestation du Docteur Martin (ancien et futur maire de Grenoble), emprisonné au fort de l'Esseillon (en Savoie).

 

17 mai 1943 :  Création du comité de la France combattante pour l'Isère afin de coordonner les actions de résistance des grands réseaux . Sont présent Eugène Chavant pour Franc-Tireur, Chevallet pour le Front National (crypto-communiste), Schlokow pour Combat, et des représentants des MUR de l'AS, de Libération et des partis communiste et socialiste. Cette unité reste fragile car les clivages politiques sont omniprésents

 

25 mai 1943 : La population s'accommode bon gré mal gré de la présence de l'armée italienne. C'est plus une humiliation tant est présent le souvenir de la résistance victorieuse sur le front alpin. Ces relations inamicales se durcissent notamment avec l'attentat contre l'hôtel Gambetta, siège de la division italienne Pusteria perpétré par le groupe Armée Secrète . L'état-major italien déménage à la Maison des Etudiants (place Pasteur).

 

27 mai 1943 : Création du Conseil National de la Résistance, afin d'unifier les différents mouvements de Résistance (présidé par Jean Moulin) : début du noyautage de l’administration. A Villard-de-Lans, le premier état-major du Vercors est arrêté par les Italiens. Alain Le Ray devient chef militaire du Vercors, tandis qu'Eugène Chavant accueille les réfractaires du STO et s'occupe du ravitaillement et du transport.

 

Juillet 1943 : suite à l'échec du dispositif de départ pour le STO, des rafles sont organisées à Grenoble et dans le Vercors. Le 11 Juillet est instauré le début du couvre-feu sur les communes de Grenoble, Saint-Martin d'Hères, Saint-Martin-le-Vinoux, La Tronche et Fontaine.

 

7 juillet 1943 : attaque de la biscuiterie Brun à Saint-Martin d'Hères, faisant un mort : le Résistant Léon Geist 

 

 

Fin de l'occupation italienne

 

10 juillet 1943 : les alliés débarquent en Sicile et Mussolini est destitué quinze jours plus tard .

 

6 septembre 1943 : le Maréchal Badoglio (le successeur de Mussolini) signe l'armistice avec les alliés. Dans la nuit du 8 au 9 septembre, la 157ème division allemande du général Pflaum prend ses quartiers à Grenoble. Des soldats italiens sont faits prisonniers, d'autres tentent de regagner l'Italie à pied, quelqu'uns enfin rejoignent la Résistance française.

 

Le séjour de l'armée italienne à Grenoble a permis aux forces de la Résistance de s'organiser, sans penser à se cacher suffisamment : cela aura de graves conséquences  lors de l'arrivée des Allemands

 

Le général Maurizio Lazzaro de Castiglioni chef de la division Pusteria

Le général Maurizio Lazzaro de Castiglioni chef de la division Pusteria

Un hôpital militaire italien installé à Grenoble dans le lycée Champollion

Un hôpital militaire italien installé à Grenoble dans le lycée Champollion

2 soldats italiens avenue Felix Viallet

2 soldats italiens avenue Felix Viallet

Comme les allemands, les italiens se sont aussi servis sur la bête. Ici un lot de camionsen gare de Grenoble en partance pour l'Italie

Comme les allemands, les italiens se sont aussi servis sur la bête. Ici un lot de camionsen gare de Grenoble en partance pour l'Italie

Si Grenoble n'était pas dans le collimateur de Mussolini, c'était le cas pour nos voisins savoyards. Ici un exemple de carte d'identité italienne imposé aux habitants de villages savoyard annexé par l'Italie après Juin 1940

Si Grenoble n'était pas dans le collimateur de Mussolini, c'était le cas pour nos voisins savoyards. Ici un exemple de carte d'identité italienne imposé aux habitants de villages savoyard annexé par l'Italie après Juin 1940

Amertume

Le coup de poignard dans le dos en Juin 1940 et l'occupation en 1942-43 n'a pas été oublié par les français. L'Italophobie après guerre est spontanée et populaire. Lors du tour de France cycliste de 1948, Gino Bartoli en tête de la compétition reçoit des jets de pierre de la part des supporters français. Paradoxalement, la contrebande pour lutter contre les pénuries reprend de plus belle des 2 cotés des Alpes. Au fil des ans avec le retour de la paix et de la prospérité et grâce au travail effectué par les nouvelles recherches historiques qui mettent à jour le rôle de chacun , soldats italiens ayant rejoint la résistance française et français internés en Italie relâchés pour intégrer les « partigiani », les braises de la discorde se sont éteintes

La milice

Grenoble occupée-1ère partie (1942-1943) : les italiens

Les allemands ayant dissout l'armée de l'armistice , la création d'une nouvelle force armée devient pour les dirigeants de l'état français un impératif pour assurer le maintien de l'ordre et soutenir le régime. Le véritable patron à Vichy, Pierre Laval revenu au pouvoir en Avril 1942 après une disgrâce de 18 mois a besoin d'hommes et de moyens pour mener sa politique de finasserie – collaboration officielle et freinage sournois – vis à vis de l'Allemagne mais ne veut pas de parti unique dont il se méfie et encore moins des collaborationnistes parisiens (PPF de Jacques Doriot ou RNP de Marcel Déat) complètement inféodés aux allemands. Pour cela il fait appel à Joseph Darnand , héros de la 1ère guerre mondiale et chef du SOL pour créer une nouvelle organisation: la milice , qu' ils justifient par 2 arguments :

  • Conserver les atours d'une indépendance vis à vis des allemands en assurant l'ordre et la sécurité dans le pays par des français

  • éviter le sort de la Pologne à la France.

Cette exigence est acceptée par les allemands qui souhaitent renforcer la police française officielle par une police politique supplétive afin de conserver le calme à l'arrière du front de l'Est où ils combattent les soviétiques. Le tout est cautionné par le maréchal Pétain.

 

 

La plupart des miliciens sont des gens ordinaires. Ils sont issus de diverses classes sociales :commerçants, sans profession, ouvriers agricoles, artisans, ouvriers d’usines, professions libérales, cadres et patrons. On trouve également de jeunes marginaux, chômeurs, paumés pour beaucoup, embarqués dans la milice par l’appât du gain et le désir d’aventure, le tout sans avoir de réelles motivations idéologiques. Ils n'imaginaient sans doute pas le sort funeste et le rôle de "salauds" que l'Histoire leur donnerait.

 

 

En Février 1943, l'école des cadres de la milice s'installe dans le château d'Uriage dans les collines des balcons de Belledonne à quelques kilomètres de Grenoble en lieu et place de l 'école des cadres d'Uriage dissoute un mois plus tôt..

 

Le gamma, insigne de la milice

Le gamma, insigne de la milice

Un milicien en uniforme avec son brassard gamma. Le magazine ("Signal") que tient le milicien était le magazine de propagande du régime nazi

Un milicien en uniforme avec son brassard gamma. Le magazine ("Signal") que tient le milicien était le magazine de propagande du régime nazi

Les 2 créateurs de la milice : Joseph Darnand (à droite) et Pierre Laval (juste à coté). Photo prise à  Gergovie en 1943

Les 2 créateurs de la milice : Joseph Darnand (à droite) et Pierre Laval (juste à coté). Photo prise à Gergovie en 1943

Le chateau d'Uriage (à 12km de Grenoble). L'école des cadres de la milice

Le chateau d'Uriage (à 12km de Grenoble). L'école des cadres de la milice

Quelques miliciens devant le château d'Uriage

Quelques miliciens devant le château d'Uriage

Visite de Joseph Darnand et Abel Bonnard aux miliciens à Uriage en 1943

Visite de Joseph Darnand et Abel Bonnard aux miliciens à Uriage en 1943

Grenoble occupée-1ère partie (1942-1943) : les italiens
Arrestation de résistants par la milice (Vercors ou plateau des Glières en Haute-Savoie)

Arrestation de résistants par la milice (Vercors ou plateau des Glières en Haute-Savoie)

Venir en aide à la population, c'était aussi l'un des objectifs de la milice. ça passera loin derrière son rôle de force de répression

Venir en aide à la population, c'était aussi l'un des objectifs de la milice. ça passera loin derrière son rôle de force de répression

Commentaires

N
Très intéressant blog sur Grenoble merci pour toutes ces informations<br /> P.S. le stade vélodrome municipale de Grenoble a pris le nom de Charles Berty et non de Chartety après la guerre 1939-1944
Répondre
J
Merci de votre commentaire sympathique et de vos corrections. Effectivement le stade Charléty , c'est à Paris