Auguste PERRET : De la tour grenobloise au Havre
Auguste PERRET, (1874-1954), est un architecte français qui fut l'un des premiers dès les années 1900 à utiliser le béton armé dans la construction de bâtiments . Il est toujours resté attaché à ce matériau à la fois économique et robuste, tout en conservant comme principe le « style sans ornement »
Auguste PERRET et ses collaborateurs dans son bureau d'étude lors de la reconstruction du centre du Havre
La Tour PERRET de Grenoble
La tour PERRET est une tour d'observation située à Grenoble dans le parc Paul-Mistral. Édifice emblématique de la ville, c'est la première tour en béton armé construite au monde (entre Mai 1924 et Mai 1925).La décision d'édifier cette tour lors de l'exposition de la houille blanche de 1925 fut comparable à la décision de construire la tour Eiffel à Paris pour l'expo internationale de 1889. Son coût de revient fut le plus modique de tous les édifices de l'exposition et Elle en reste actuellement le dernier vestige.
Sans véritable entretien depuis sa construction, la dégradation de la tour risque de devenir irréversible si aucune réparation n'est entreprise. Malgré les pétitions, la création d'une association de défense de la tour (Ensemble pour la tour Perret de Grenoble - ETPG) et l'engagement de plusieurs candidats aux élections municipales , la tour est toujours dans le même état déplorable.
Hauteur : 85 Mètres (108 mètres avec la flèche)
Diamètre : 8 mètres à la base
Fermée depuis 1960 pour cause de délabrement et non entretien
classée au titre des monuments historiques en 1998
Panorama unique de 360 degrés sur la ville car aucune gêne visuelle à proximité.
La tour PERRET au milieu du parc Paul Mistral. A gauche , le centre de Grenoble . A droite, le quartier Exposition-Bajatière
La tour dans le parc entre 1940 et 1960. Le palais des exposition (à gauche de la tour) a été rasé en 1963 pour laisser place à la patinoire devenue aujourd'hui halle Clémenceau
Auguste PERRET n'a pas seulement sévi à Grenoble mais dans de nombreuses autres villes . L'empreinte la plus importante de ses oeuvres architecturales reste le centre-ville du Havre dans la Seine-Maritime
Le centre du Havre par Auguste PERRET
Après les bombardements de septembre 1944, le Havre compte 80.000 sinistrés et 35.000 sans abris. L'Etat confie l'important chantier de reconstruction de la ville à Auguste PERRET .
Composé de 10 000 logements et étendu sur 130 Ha, ce projet mis au point par son atelier en 1945 et approuvé en Janvier 1946 est effectué par Jacques Tournant (1909-2005) ancien élève d'Auguste PERRET.
L’une des principales idées novatrices de PERRET est de normaliser l’ensemble des bâtiments afin d’industrialiser leur construction. La standardisation est poussée au maximum des possibilités de l'époque, depuis la conception du quartier jusqu'aux intérieurs de appartements et cadres en béton moulé des fenêtres
Auguste Perret signe lui-même les plus importantes réalisations : les Immeubles sans affectation individuelle (1946) l'ensemble de la Porte Océane (1950), église Saint-Joseph du Havre (1951) et l'hôtel de ville (1952). Les membres de son atelier réalisent de nombreuses autres opérations en s'associant avec des architectes locaux. Près de cent architectes interviennent au Havre jusqu'en 1964.
Plan du centre du Havre reconstruit par A. PERRET avec ses rues à croisement perpendiculaire ( comme le quartier Berriat ou le quartier autour de la préfecture grenobloise). C'est aussi le type de configuation que l'on retrouve dans les villes modernes des USA. A contrario des ruelles que l'on trouve dans les vieux centres des villes européennes qui sont toutes biscornues
Le centre du Havre dans les années 50 (Avenue Foch) . A gauche , le quartier reconstruit par Auguste PERRET
A droite Chez Edouard maire actuel du Havre : La mairie dans les années 50. Au bout de l'avenue (ici Avenue FOCH) , on distingue la porte océane
La tonalité des dalles de parement des façades varie suivant l'emplacement et les agrégats de leur composition, astucieusement choisis pour procurer un effet pastel (sable, pierre concassée, ciment). Cette variation crée un motif discret qui casse la monotonie des façades.
Pour les amoureux de vieilles pierres , ce type d'architecture reste au mieux un cas particulier au pire une hérésie. Il y a un coté ville moderne américaine sans grande personnalité mais sans que l'on se sente écrasé par des gratte-ciel ou des building. Néammoins quand il fait beau et avec son coté aéré et proche du bord de mer , la ville conserve un certain charme.
En 2005, le centre de la ville du Havre a été inscrit au patrimoine de e l'UNESCO grâce à l'obstination du maire de l'époque Antoine RUFENACHT.
Quartier St François
Aussi appelé quartier breton en raison de la forte communauté de bretons qui s'y était installé au début du XXème siècle il a été rasé à 75% suite aux bombardement de la seconde guerre mondiale. Face à la résistance des sinistrés et des notables, le quartier n'a pas été reconstruit comme le reste du centre ville mais en respectant le tracé historique des rues, en conservant les bâtiments rescapés des bombardements et en adoptant une architecture régionale confiée à des architectes havrais
Détail des appartements ISAI
(Immeubles sans affectation individuelle)
Ces appartements sont livrés avec toutes les installations sanitaires ce qui étaient un véritable luxe comparé aux appartements anciens du reste de la France et du Havre en particulier...La cuisine reçoit d'un double bac en porcelaine et un vide-ordure. Une autre caractéristique est l'introduction de salle de séjour avec parfois une cheminée et un coin-repas séparé de la cuisine. Une attention particulière est portée à l'équipement et à l'organisation rationnelle des différentes distributions d'énergie.
Tous les immeubles-tours sont équipés d' ascenseurs . Au sous-sol on trouve des garages, des buanderies et autant de caves que d'appartements, et au niveau du rez-de-chaussée, un garage à vélo et poussettes près de chaque escalier, la chaufferie, deux locaux de service et la loge du concierge.
Les fenêtres étroites et hautes, rendent les appartements très lumineux. La taille et la disposition des fenêtres, et l’association judicieuse d’immeubles de hauteurs différentes permet un ensoleillement maximal, aucun bâtiment ne devant faire d’ombre à son voisin. De plus, les cours intérieures sont ensoleillées et à l'abri du vent.
Les premiers ISAI ont été rejetés par nombre de havrais : on reprochait aux appartements d'être trop petits et l’esthétique de Perret était ressentie comme trop sinistre ou trop inspirée des tours américaines. Mais pour la première fois la population se trouvait regroupée dans des immeubles collectifs. Auguste Perret leur faisait effectuer malgré eux, un bond dans le futur.
La tour PERRET d'Amiens (en Picardie)
Une tour de logements comparable à un"beffroi-campanile" d'une cathédrale.
Cet immeuble d'habitation a été conçu en 1942 par Auguste PERRET et réalisé entre 1949 et 1952 par les frères PERRET associés à l'entreprise BOUVET d'ARRAS.
Les 1er habitants n'ont emménagé que 10 ans plus tard en 1962 à cause de la cherté des loyers.
Hauteur : 104 mètres ( 110 mètres avec l'adjonction de la flèche lumineuse en 2005). Le 1er gratte-ciel construit en Europe.
nombre de niveaux : 30
Visible depuis plus de 10 Km d'Amiens
Classée aux monuments historiques en 1975, restaurée en 2005