Les quartiers de l'Est grenoblois : Abbaye et Teisseire
Vue de Grenoble depuis le téléphérique (indéterminé - entre 1930 et 1950) la cité de l'Abbaye est l'ultime zone urbanisée de cette partie de Grenoble
___________________________________________________________ Ce post se décompose en plusieurs chapitres: - Des champs à l'urbanisation - Quartier de l'Abbaye > historique > cité HBM de l'Abbaye > Restauration de la cité de l'Abbaye > Chatelet > Maison forte du Chatelet > Marché de l'Abbaye - Groupe Moyrand - Grand ensemble Léon Jouhaux - Les gitans à Grenoble : 100 ans de sédentarisation - Quartier de la Poterne - Quartier Teisseire
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Début des années 1920: au Sud-Est des remparts et du polygone du génie (futur parc Paul Mistral): beaucoup de champs et quelques hameaux. En Bleu: le torrent du Verderet ( aujourd'hui dans des tuyaux enterrés)
Des champs agricoles à l'urbanisation
Des champs, quelques fermes, une maison forte, un couvent et au milieu un gros ruisseau venant d'Eybens le Verderet, tel est le panorama bucolique qui composent les lieux-dits du petit et du grand Chatelet en ce début du XXème siècle.
L’urbanisation commence avec la construction de la cité HBM de l’abbaye en 1929. Progressivement, en direction vers le Sud, elle s’étend d’abord au Chatelet (à partir de 1954) le groupe HLM Moyrand (vers 1956) puis à l’ensemble HLM Léon-Jouhaux (terminé 1960) et au quartier Teisseire (terminé 1962) ainsi que dans les rues environnantes ce qui a créé une zone urbanisée dans tout l’Est de Grenoble
Avant, c'était la campagne...
Aujourd'hui, un mélange de grands ensembles (barres et tours) de petits immeubles agrémentés de quelques maisons et d'espaces verts
Vue aérienne du quartier de l'Abbaye
A droite : la cité de l'Abbaye
A gauche: alignement en quinquonce du groupe Moyrand
Au centre : La place du marché d'ou part l'avenue Jeanne d'Arc - coté droit du triangle du marché
Le quartier de l'Abbaye
Localisation et toponyme mystérieux
Le quartier occupe aujourd’hui la partie sud-est de Grenoble, bordant Saint-Martin-d’Hères (quartier Croix-Rouge). L'origine du nom « Abbaye » fait débat. Selon l’historien Henry Rousset, un ancien couvent aurait jadis existé à cet endroit sous ce nom, bien que d'autres historiens émettent des réserves. Une autre hypothèse évoque le fait qu’un procureur religieux venait y officier, ce qui aurait étendu le sens de « l’abbaye » à cet usage local.
De l’industrie rurale à l’essor urbain
Au début du XXᵉ siècle, le quartier restait principalement rural, mais accueillait déjà de petites unités industrielles telles que teintureries, blanchisseries, tuileries, porcheries, dépôts de chiffons, et entrepôts d’huile ou d’essence. Un rouloir à chanvre témoignait également d’activités artisanales pré-industrielles.
À proximité, du côté de la Croix-Rouge (Saint-Martin-d’Hères), se dressait la biscuiterie Brun, une usine importante aujourd’hui disparue (fermée entre 1990 et 2000).
Intégration progressive à l’agglomération
Jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce secteur était un simple faubourg, situé au-delà des anciennes fortifications de 1880, devenues boulevard Clémenceau à partir de 1925. L’urbanisation s’est accélérée entre 1920 et 1970, parfois de manière désordonnée, mais freinée par plusieurs contraintes géographiques :
- Au sud : voie ferrée et parcelles agricoles,
- À l’ouest : route d’Eybens,
- À l’est : route de Gières,
- Au nord : ancienne ligne de tramway.
Les différentes vagues d’habitat au XXᵉ siècle
Le bâti du quartier résulte de plusieurs phases de construction :
- Cité de l’Abbaye (HBM), entre 1927 et 1931, architectes Émile Rochas, R. Fonné, Morard & Bonnat, Rome & Rabilloud , pensée comme un habitat social moderne par l’OPHBM sous l’impulsion du maire Paul Mistral, en application de la loi Bonnevay
- Programme Social de Relogement (PSR), 1954–1957.
- Divers programmes immobiliers (Million, Lopofa, copropriétés, HLM) entre 1955 et 1967.
- Depuis les années 2010, des projets de reconstruction (Châtelet) et de rénovation (Cité de l’Abbaye) attestent d’une nouvelle dynamique urbaine.
Une population stable et diversifiée
Depuis 1999, le quartier de l’Abbaye compte entre 2500 et 3000 habitants
Depuis ses origines, le quartier a accueilli une importante population immigrée — d’abord française et européenne, puis maghrébine — ainsi qu’une communauté gitane. Sociologiquement, il s'agit d’un quartier populaire à forte composante immigrée et gitane.
Perception sociale : entre image et réalité
Dans les années 1970, le quartier souffrait d’une mauvaise réputation, parfois surnommé « petit Chicago », qualifié de repaire supposé de « mafia italienne et gitane » (http://www.lepostillon.org/La-guerre-des-gangs-c-etait-mieux-avant.html)
Vues du quartier de l'Abbaye depuis l'avenue Jeanne d'Arc
Rue Claude-Genin
Une école du quartier des années 30 (style art déco) : Ecole Jules Ferry
Quelques rues du quartier dans les années 70 et 80
Ces photos sont issues des archives municipales de Grenoble
Restauration de la Cité de l’Abbaye à Grenoble
Sélectionné par la ville de Grenoble et la Société d’Aménagement SAGES, le projet de restauration de la Cité de l’Abbaye intervient sur 12 bâtiments sur les 15 originaux et est porté par la société OGIC.
Contexte du projet :
Le site était devenu obsolète (confort thermique, acoustique et en performances énergétiques) et nécessitait soit une destruction complète, soit une rénovation. Alors que les autres cités HBM construites à la même époque ont disparu, le choix a été fait de rénover.
Objectifs et approche du projet :
Le projet proposé repose sur une restauration frugale en conservant au maximum l’existant, sensible et respectueuse des qualités initiales de la Cité de l’Abbaye. Il doit apporter de la vie, de la mixité urbaine, du bien-être pour ses habitants et répondre aux exigences environnementales actuelles.
Un projet mixte :
Le projet mélangera différents types d’usages, avec des logements, des résidences étudiantes, des commerces, des restaurants, des espaces associatifs, de l’habitat participatif, des locaux pour les habitants et des acteurs du secteur de l’Économie Sociale et Solidaire et une Maison de Santé.
Requalification du mail Suzanne Buisson :
Le mail Suzanne Buisson, axe permettant de relier la Place du Marché au groupe scolaire du Grand Châtelet en traversant la cité, sera requalifié pour éventuellement devenir un lieu de rencontre et un moteur de liens sociaux.
Restauration des éléments architecturaux :
Les emblématiques “volets verts” seront remis en état en partenariat avec les Ateliers Emmaüs. Des balcons et des revêtements en bois seront ajoutés sur les façades des bâtiments afin d’apporter une touche chaleureuse et davantage d’espaces extérieurs.
Performance énergétique et matériaux durables :
Le projet adoptera des approches **low-tech** simples et pérennes pour optimiser les performances thermiques et énergétiques. Un raccordement au réseau de chaleur urbain de la ville, visant le label **BBC Rénovation**, sera mis en place. Des matériaux biosourcés, issus des filières de réemploi et en circuit court, seront intégrés au bâti.
Démarche de santé et de qualité de vie :
Un large éventail d’actions sera envisagé pour améliorer le confort des habitants :
- Confort d’été avec 80% des logements traversants ou à double orientation.
- Vues sur le cœur d’îlot végétalisé depuis l’ensemble des logements.
- 80% des logements bénéficieront d’un espace extérieur appropriable.
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Démarche pour la qualité de l’air, avec une isolation acoustique et phonique performante.
En résumé :
Ces 12 bâtiments seront répartis comme suit :
- 135 logements en accession, dont 16 en habitat participatif.
- 1 résidence étudiante de 90 chambres dont une part significative sera conventionnée en logement social
- Des locaux de 400m2 pour un centre de santé.
- Des locaux en rez-de-chaussée dédiés à des activités de type services ou économie sociale et solidaire (550 m2).
- 200m2 d’espaces consacrés aux mobilités douces
Les livraisons des bâtiments réhabilités sont prévues à partir de 2026 pour l’îlot nord, 2027 pour l’îlot sud et 2028 pour l’îlot central.
Le projet est estimé à environ 20 millions d’euros (2024).
Les plans originels de la cité
La cité : 15 immeubles en 3 îlots composés de 2 immeubles en L , 2 immeubles en I et 1 immeuble en U
Images du passé
la cité entre 2015 et 2020
Projet de rénovation
Châtelet
L’îlot du Châtelet, situé dans le quartier de l’Abbaye à Grenoble, a été édifié entre 1954 et 1967 selon un urbanisme rigide : des lots rectangulaires aux façades austères, sans véritable valorisation des espaces libres
Un habitat social initial, aujourd’hui réinventé :
Composé de sept bâtiments totalisant 142 logements HLM, cet îlot incluait également un groupe scolaire. Les logements, aux normes modestes, étaient parfois assimilés à du transitoire, avec un cadre déshumanisé.
Historiquement, cet îlot était perçu comme le « quartier des gens du voyage aujourd’hui sédentarisés ». En 2003, ces familles — bien que minoritaires (une vingtaine de familles, représentant environ 40 % de la population si l’on compte les couples mixtes) — avaient un rôle structurant dans la vie locale. Ces habitants, souvent âgés, faisaient face à des difficultés de santé, d’accès à la nourriture ou de mobilité.
Vers une reconstruction ambitieuse
Dès 2004, un projet de renouvellement urbain est lancé, officialisé en 2011 par une convention avec l’ANRU. L’opération prévoyait la démolition progressive des bâtiments existants, bâtiment par bâtiment, pour permettre le relogement des familles
Le fruit de cette reconstruction est un ensemble de 330 logements, répartis ainsi :
- 100 logements locatifs sociaux (30 %) ;
- 41 logements locatifs libres (12 %) ;
- 156 logements en accession à la propriété (48 %) ;
- 33 logements en accession sociale (10 %)
Actis, le bailleur social, a par ailleurs transféré 42 logements sociaux vers d’autres quartiers de Grenoble, marquant la transformation majeure du profil de l'îlot, passé de 100 % de logements sociaux à seulement 30 %.
Un urbanisme repensé, des équipements nouveaux
Sous la maîtrise d’œuvre du groupement Chapuis-Royer – Philippe Panerai (missionné par la SPL SAGES), le nouveau Châtelet intègre un tissu urbain varié, alternant habitats collectifs et maisons mitoyennes superposées, desservies par des venelles. Une conception pensée pour respecter l’équilibre entre densité et humanité.
Le coût de cette opération était estimé à plus de 37 millions d’euros
Bémols dans ce beau programme de rénovation urbaine :
-
la densification, avec un passage de 142 à 330 logements donc un surplus de circulation, de voitures garées.
-
Pour un futur acquérant, cet investissement foncier dans ce type de « nouveau quartier » présente toujours un risque de moins-value malgré des prix abordables (entre 2360 et 2600€/ m² contre 1910€/m² en accession sociale) pour les familles et les jeunes ménages.
Les début du Châtelet :
Le Châtelet entre 1960 et 1980
Le Chatelet après une 1ère rénovation (De qualité trés moyenne,seules les façades avaient été refaites)
Le nouveau Chatelet
Rue Du Guesclin ( entre Cité de l'Abbaye, Chatelet et la maison forte du Chatelet)
Maison forte du Chatelet
Elle est situé à l'angle de la rue Du Guesclin et de l'avenue du grand chatelet.
La partie centrale de ce bâtiment est très ancienne et date probablement du XIVème siècle.l'immense domaine attenant à la maison forte était à cheval sur Grenoble et Saint matin d'hères. Le domaine fut fondé par Guy Dauphin, seigneur de Montauban,frère du dauphin Jean II. Divers propriétaires ont occupé les lieux jusqu'à son rachat par François de Porte,président de la chambre des comptes de Grenoble en 1635.
En 1811, ses descendants vendirent le domaine qui fut éclaté entre le grand Chatelet (la maison forte , la grange et les écuries) et le petit Chatelet (existe toujours sur la route de Vizille). Au fur et à mesure des changements de propriétaires, la belle maison delphinale tomba en ruine et fut racheté par l'OPHLM de Grenoble qui la rénova en 1982.
7 logements sociaux locatifs avec jardins individuels ont été créés à l'intérieur de l'ancienne résidence seigneuriale. Si les murs de pierre et la tour furent recouvert d'enduit de protection, le corps du batiement a conservé son allure moyen-âgeuse ainsi que les anciens plafonds à la française.
Place du Marché de l'Abbaye
Groupe MOYRAND
L’ensemble Groupe Moyrand se compose de 190 logements sociaux répartis dans dix immeubles, idéalement situés entre la rue Dupleix et la rue Condé dans le quartier de l’Abbaye, un plan tracé vers 1956
Les logements ont bénéficié d’une rénovation en deux tranches durant la période 2012–2014, pour un coût global estimé à 3,1 millions d’euros (34 K Euros/logement).(1) Selon un bilan de l’UNHA (Union sociale pour l’habitat), cette rénovation s’inscrit dans une démarche d’amélioration énergétique : la résidence Moyrand a ainsi progressé, passant de la classe énergétique D à la classe B, divisant par deux sa consommation de chauffage, avec des gains significatifs en confort pour les locataires
- Source : https://manualzilla.com/doc/6434656/actualit%C3%A9s-habitat-n%C2%B0975---l-union-sociale-pour-l-habitat
Vue aérienne en 1956 . Au centre les batiments Moyrand. Au sud , encore des champs (Bibliothèque municipale de Grenoble)
Grand Ensemble Léon Jouhaux
Origines et construction
Conçu au début des années 1960 dans le cadre de l’effort massif de construction de logements sociaux à Grenoble, le Grand Ensemble Léon Jouhaux compte environ 600 logements. Ces immeubles typiques de l’époque adoptent un style utilitaire, sans effet d’architecture marquant : de grands blocs rectangulaires, aux façades lisses et épurées, privilégiant la rentabilité et la fonctionnalité. Des barres et quelques tours en périphérie permettent cependant une orientation spatiale qui évite l'effet d’enfermement visuel. Les logements, de tailles variées, vont du deux au six pièces, avec une prévalence de T3 et T4
Usages et population
À l’origine, ces logements visaient à favoriser la mixité sociale et accueillir les rapatriés d’Algérie (les « pieds-noirs »), considérés comme une classe ouvrière-moyenne en pleine intégration. Par la suite, cette population a été progressivement remplacée par de larges familles d’origine maghrébine .
Réhabilitation et évolutions
L’ensemble a fait l’objet de réhabilitations dans les années 1980 et 1990, mais son architecture d’ensemble est restée essentiellement inchangée. Malgré la rénovation, l’image de blocs impersonnels perdure..
Des témoignages d’habitants expriment un profond exaspération : insalubrité, insécurité, absence d’espaces conviviaux... Ce bloc d’immeubles est décrit comme composé de "tours d’immeubles sans rien autour"
Plan masse du grand ensemble (le haut correspond au Sud) _ o a l'impression qu'il y a eu un copié-collé partiel qu quartier Mistral (construit à la même époque)
Les gitans à Grenoble : 100 ans de sédentarisation
La sédentarisation des gitans de Grenoble a commencé en 1914 dans les vieux quartiers de Grenoble. D’abord installés dans la montée de Chalemont (quartier Saint-Laurent), une partie de la communauté migre de l’autre côté de l’Isère dans les immeubles insalubres du quartier de la Mutualité. Malgré leur vétusté, le passage de la roulotte au logement en dur fut un réel progrès surtout pendant la saison froide. Pour certains, La sédentarisation économique avec abandon des petits métiers traditionnels (rempaillage, vannerie…) et reconversion vers la récupération des métaux ou la « chine » fut une nécessité pour continuer à gagner sa vie
Pendant l’entre-deux-guerres, les gitans vivent dans une semi-sédentarisation en alternant voyages et arrêts dans Grenoble. La seconde guerre mondiale fixe définitivement la communauté dans la sédentarité (sauf pour les forains). Comme pour beaucoup de français, les gitans ne furent pas à la fête pendant la seconde guerre mondiale. Au même titre que les juifs, ils étaient sur la liste noire du IIIème reich (3 000 tsiganes internés en France)
Dans les années 60, les vieux quartiers délabrés où sont installés les gitans sont rasés (Mutualités) ou rénovés (St Laurent). La communauté est alors relogée principalement dans le quartier de l’Abbaye, dans l’ilot du Chatelet où elle se retrouve en compagnie d’immigrés (Italiens, Espagnols, Maghrébins).
Une partie de la communauté, des sintis (gitans d’origine italienne) continue à vivre une semi-sédentarité. A l’origine forains, ils se sont tournés vers la vente sur les marchés. D’autres s’installent dans des caravanes sur des terrains dans l’agglomération grenobloise.
L’installation dans des logements plus modernes bien que de conception très rustiques et de mauvaise qualité (HLM du Chatelet) ont nettement amélioré les conditions de vie et les perspectives d’évolution de la communauté même si la pauvreté est toujours là. Aujourd’hui, les pesanteurs sociales (clanisme, place de la femme…) et les valeurs traditionnelles se maintiennent bien que les changements opérés depuis près d’un siècle soient passés par là (Libéralisation des mœurs après Mai 68, habitat partagé avec d’autres communautés, scolarisation des enfants).
Musée dauphinois ; exemple d'une roulotte du milieu du XIXème siècle en exposition à l''entée du musée en 2016
Le terrain vague sur lequel a été construit le lycée Jean Bart (devenu lycée Argouges en 1983 après l'assassinat du proviseur de même nom dans son bureau par un jeune détraqué). Ce terrain a été occupé dans les années 60 par les caravanes.
Les permiers gitans s'installent. Pas encore de roulottes ou de caravannes mais la ferme est toujours là
Quartier de la Poterne
Le quartier de la Poterne reste peu connu des grenoblois en dehors des résidents du secteur. Le terme « Poterne » évoque historiquement une petite porte ou issue secrète dans le mur d’enceinte, mais ici, il a probablement été repris pour des voies ou infrastructures modernes — sans lien direct avec des fortifications anciennes.
Avant le XIXᵉ siècle : d’un marécage agricole à l’assèchement
Jusqu’à la fin du XVIIIᵉ siècle, cette zone était marécageuse. Elle fut asséchée grâce aux deniers de Hyacinthe-Camille Teisseire, conseiller municipal et industriel bien connu (les célèbres sirops Teisseire en sont les descendants). Le terrain a alors été exploité comme plaine agricole, tout en restant inondable.
XIXᵉ siècle – années 1960 : infrastructures ferroviaires
En 1864, la voie ferrée reliant Grenoble à Chambéry est ouverte, traversant ce secteur. Elle restera en service jusqu’en 1967, date à laquelle elle fut déplacée 2,5 km plus au sud
Urbanisation – XXème siècle
Elle commence à partir de 1946, avec la construction de nombreux logements sociaux. Le Chemin de la Poterne, bordé de maisons basses, témoigne aussi d’une extension résidentielle. Ce n’est qu’en 1967 que certaines voies, comme le Chemin de la Poterne ou l’Impasse du Repos, furent officiellement classées comme voies publiques.
Infrastructures publiques majeures
Plusieurs équipements ont été implantés dans ce quartier :
- Une chaufferie imposante d’environ 60 mètres de haut, mise en service en 1992, intégrée au réseau de chaleur urbain de Grenoble-Alpes Métropole. Depuis 2022, elle fonctionne désormais à 100 % au bois — le charbon ayant été totalement éliminé.
- Le centre d’entraînement du Grenoble Foot 38, nommé La Poterne, est situé dans le sud de la ville. Récemment rénové pour passer au niveau des standards de Ligue 2 — rebaptisé “Smart Good Parc” — il servira au club professionnel en attendant l’ouverture d’un nouveau centre à La Côte-Saint-André en 2025
- Le lycée André-Argouges (anciennement lycée Jean-Bart), construit dans le cadre du concours national en 1962 avec une équipe menée par Jean Prouvé, est un exemple d’architecture moderniste des années 1960. Rebaptisé en hommage au proviseur Mr Argouge assassiné par un élève en 1982, il a connu d’importantes rénovations au débutdu XXIᵉ siècle.
Contexte social au 1er semestre 2025
- Population estimée : environ 2 000 habitants.avec : plus de 30 % de population étrangère, en hausse notable comparativement à dix ans plus tôt .
- Catégories socio-professionnelles : peu de cadres, mais une part notable d’artisans, commerçants ou chefs d’entreprise (8,3 %), supérieure à la moyenne des quartiers sud de Grenoble.
Les Mouettes
L’îlot Les Mouettes a été érigé dans les années 1980, et fait partie d’un ensemble de 60 logements HLM composés de petits pavés ou “cubes”, conçus dans une échelle humaine — pas de tours ni de barres monumentales . Il contraste avec les grands ensembles des années 1950–70 par sa volumétrie plus modeste et son ambiance résidentielle plus douce
La Chaufferie
1964 -1ere étape: le terrain vague commence a être "travaillé.( Installation des conduites de la compagnie de chauffage) . Auloin le Chatelet et la cité de l'Abbaye
Le lycée Argouge
Divers
Quartier TEISSEIRE
Ce quartier (Ensemble de bâtiments blancs à droite) est situé au sud -Est de Grenoble à la limite de St Martin d'Hères. A gauche , l'ensemble de villas est le quartier expérimental de la caisse d'épargne
Teisseire : origine du nom
Quel lien entre les sirops Teisseire, Le quartier Teisseire et la cour Teisseire, ancien ilot du centre -ville (vieille ville) aujourd’hui disparu en dehors du nom ?
Le lien est le nom du créateur de la 1ère fabrique de ratafia à Grenoble en 1720 dans la cour Teisseire dont le petit-fils Hyacinthe-Camille Teisseire (1764-1842) fut un bienfaiteur de la ville. Grâce à ses compétences, il développa la petite entreprise familiale et ses liqueurs connurent un grand succès. Ayant le sens de l’intérêt général et de sa ville en particulier, il fut élu conseiller municipal en 1791 puis devint député de l’Isère. Sur ses deniers, il fit assécher les marais situés à la limite de Grenoble, Eybens et Saint Martin d’hères (le quartier Teisseire actuel) et les rendit cultivables. C’est dans la cour Teisseire que fut créée en 1912 la première grande salle de cinéma. Elle se dégrada progressivement au cours du XXème siècle avant d’être rasé.
Construction du quartier
Créé entre 1958 et 1962, Teisseire est le premier grand ensemble de l’agglomération comportant plus de 1000 logements (1268 exactement). Prévu pour 3000 habitants environ, il est entièrement géré par les HLM de Grenoble. Il possède une échelle de bâtiments constitués de petits immeubles et de 7 tours formant un ensemble peu dense avec un espace public abondant. Les logements sont de petites tailles (52% de T3). Un effort a été fait pour installer les parkings de façon périphérique. Parmi les 1eroccupants du quartier, il y avait de nombreux agents du CENG/CEA qui migrèrent rapidement sous d’autres cieux.
30 après, la situation s’est fortement dégradée
De nombreux problèmes ont été identifiés. Le quartier est mal relié au centre-ville malgré des distances raisonnables et constitue pour ses habitants comme pour les grenoblois un "territoire à part". La qualité du bâti est moyenne et la diversité de l’offre est limitée : 2/3 des logements sont de type F3 de moins de 60 m2. Les situations de sur et sous occupation sont fréquentes L’espace public est en déshérence depuis 20 ans avec une voirie et des parking en mauvais état. Les équipements publics sont nombreux (centre social, MJC, bibliothèque, maison de l'enfance) mais installés dans des bâtiments vétustes ou inadaptés (maison de l'enfance dans un ancien centre commercial, bibliothèque installée dans un immeuble promis à la démolition…)
Le taux de chômage est important (près de 30% - 2,5 fois le taux moyen grenoblois) surtout chez les jeunes (la moitié des habitants ont moins de 25 ans) et les populations d’origine étrangère( plus de la moitié de la population).De graves problèmes de délinquance, une importante économie parallèle et de trafics divers, peu de mixité sociale (demande faible, nouveaux entrants qui vivent des minima sociaux) renforcent l'image négative du quartier et incitent la population qui en a les moyens à fuir .
1997 : la municipalité décide de réagir
En juin 1997 Elle définit un programme d'intervention globale portant sur 3 points :
- la revalorisation du bâti et des espaces publics
- l'insertion d'activités économiques
- l'intégration du quartier à la ville.
Elle a retenu l'équipe dirigée par Philippe Panerai dont le choix s’est effectué sur le caractère évolutif du projet, le principe de la diversification des statuts (locatif, copropriété), des bailleurs et du niveau d'intervention sur les réhabilitations
Dans le détail, cela donne une redistribution complète du foncier en différenciant le domaine public (rues, places, squares, jardins publics) et le domaine privé (espace privatif autour des immeubles, concept d'unité résidentielle),la requalification des raccordements aux artères de la ville et des points d'entrée du quartier par la création d'une place à l'intersection des voies Jean Perrot/Malherbe/Cocat et un programme de démolition limité (<100) compensé par la construction de petits programmes pour un nombre de logements identique.
Les actions entreprises
Un immeuble de 26 logements fortement dégradé démoli durant l'été 1999, a permis l'ouverture de l'espace vert central et le transfert de la bibliothèque dans de nouveaux locaux grâce à l’implication des habitants, des commerçants et des associations.
L’office HLM a transformé un immeuble de logement en pôle de service tertiaire, ouvert depuis l'été 1999.
La requalification d'une partie de l'avenue Paul Cocat (axe principal de circulation) a été réalisée entre 1999 et 2000.
La création d'unités résidentielles à partir d'un îlot de 200 logements, démarrée en 1996 et adaptée selon les principes proposés par Philippe Panerai s’est achevé au début des années 2000. Le clôturage de l'espace en pied d'immeuble a suscité des débats.
En conclusion La réalisation effective dans les délais annoncés des premières opérations de réhabilitation et d'espaces publics a apporté un réel crédit auprès des habitants, mais la mobilisation des locataires concernés par les projets de réhabilitation a été plus difficile.
10 ans plus tard en 2007
Côté négatif, ce quartier reste un quartier pauvre avec une forte concentration de familles d’immigrés (essentiellement maghrébines), de cas sociaux isolés, et beaucoup de précarité. Les professionnels notent un repli religieux qui touche aussi les enfants et s’accompagne d’une solidarité « communautaire » au détriment d’une solidarité commune ; un racisme qui s’exprime ouvertement. Il n’existe pas d’esprit de quartier à l’échelle de Teisseire, pas d’identité définie. L’insertion des jeunes est une préoccupation majeure, notamment celle des plus marginaux livrés à eux-mêmes.
Coté positif, une grande partie des immeubles a été réhabilitée ou reconstruite ; l’espace public s’est « verdit » grâce à la présence de trois parcs. Des résultats sont visibles : dans la partie résidentielle l’attractivité locative s’est revalorisée et les habitants se sont ’appropriée leur lieu d’habitation. Le pourcentage de familles précaires est en baisse, du fait de l’arrivée de nouvelles familles moins en difficulté. Suite aux travaux, le quartier semble plus propre et ouvert. Le dégagement du paysage et la verdure sont appréciés.
Pour certains Teisseire est un quartier « au milieu du gué, éclaté, en ajustement ».Il a beaucoup changé mais reste encore en phase transitoire. Pour d’autres il reste un "teritoire perdu de la république"
Les débuts du quartier Teisseire
Le quartier Teisseire dans les années 70 - 80
Depuis 2000
Ecole Groupe Teisseire
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