Grenoble - Guerre et Renaissance (XIVème siècle au XVIème siècle)

jean martin

02 déc. 2020

Plan de Grenoble à la fin du moyen-âge

Le Dauphiné devient Français

Le « transport » du Dauphiné en 1349, ce joli terme diplomatique cache une absorption pure et simple du petit état féodal par le royaume de France. Désormais français, les dauphinois conservent une importante autonomie dont les privilèges (exemption de taxes et d'impôts) et libertés sont fixées par une charte, le statut delphinal. En 1350, Grenoble compte 4000 habitants intra-muros.

Guerre de cent ans (1337-1453)

Cette guerre opposant les royautés britannique et française est une longue guerre froide entrecoupée de batailles violentes et décisives comme la bataille de Crécy (1346) qui décime la chevalerie française ou la bataille de Poitiers(1356) ou 5000 anglais étrillent 25 000 français et capturent le roi de France Jean II Le Bon. Bien qu'éloigné des principales régions de combat,les dauphinois participent vaillamment aux guerres contre les anglais et leurs alliés.

En 1378, une grande compagnie, bande de despérados composée de 6000 mercenaires et soldats démobilisés par les anglais marchent sur le Dauphiné en pillant tout sur leur passage. Ils sont arrêtés in extrémis par le comte de Sassenage aux portes de Grenoble malgré l'infériorité numérique de ses troupes. En 1430, lors de la bataille d' Anthon, près de Pont de Chéruy (département de l'Isère), les dauphinois taillent en pièces une coalition de bourguignons, de savoyards et d'orangistes alliés des anglais.

Louis XI , (1420-1481) roi de France de 1461 à 1481

Louis XI

En 1446, le futur roi Louis XI est le premier dauphin « français » à s'installer à Grenoble afin de se « rôder » avant de prendre la succession de son père le roi Charles VII. Administrant son fief avec rigueur, il met rapidement tout son petit monde au pli ,les seigneurs, l'Eglise et le petit peuple. Son sens de l'organisation permet tout une série d 'avancées qu'il appliquera plus tard en tant que suzerain : mesures d'aide et protection au commerce, à l'artisanat ,aux banques, aux artistes et aux communautés religieuses, immigration « choisie », réforme de la fiscalité, centralisation des organismes judiciaires et administratif, , organisation d'un service de santé (création du statut des chirurgiens), confirmation des franchises et privilèges grenoblois.

Il transforme le conseil delphinal en parlement de Dauphiné, qui devient la troisième cour souveraine du royaume, dotant la ville de fonctions de commandement politique et administratif. Grenoble devient ainsi une ville d'importance égale à celle de Vienne.

Le chevalier Bayard

Après quelques décennies de stabilité et de relative prospérité, Grenoble connait de nouveau une longue période de vaches maigres. A partir de 1490, la province subit les conséquences directes des guerres transalpines avec la va et vient de soldats entre la France et l'Italie. Au cours de ces combats, s'illustre un chevalier dauphinois venant de Pontcharra, Pierre Terrail seigneur de Bayard,. Ce brave au combat se distingue lors de nombreuses batailles notamment à Marignan (15 Septembre 1515) mais est tué d'un coup d'escopette dans le dos le 24 Avril 1524 à Rovensada (Piémont).

Lieu de naissance du chevalier Bayard à Pontcharra

Chateau du chevalier Bayard restauré

François de Bonne, Duc de Lesdiguières

Puis une longue période de guerre civile, une guerre de religion entre protestants et catholiques français frappe durement le Dauphiné. Entre 1560 et 1590, les tensions entre les 2 communautés provoquent de nombreux conflits. Les protestants saccagent Vienne et incendient le monastère de la Grande Chartreuse tandis que les catholiques s'en prennent aux communautés de réformés du Trièves et du plateau matheysin. Au milieu de cette anarchie va émerger un héros dauphinois, dont la mémoire est très présente à Grenoble, François de Bonne , duc de Lesdiguières (1542-1626).

A la tête des armées protestantes depuis 1575, ce fin stratège, après plusieurs échecs, s'empare de Grenoble en 1590 (en particulier en pilonnant la ville depuis la montée Chalemont).Sa victoire ne se transforme pas en pillages et exactions. Pour asseoir son autorité, il préfère tendre la main à l'adversaire d'hier notamment l'archevêque d'Embrun , l'un des chefs catholiques qui avait tenté de le faire occire en plusieurs occasions. Le traité de paix qui met fin aux guerres de religion dans Grenoble permet alors la liberté de culte des protestants dans le quartier très-Cloitre.