Le Front populaire en Isère
1936 – la victoire des socialistes
Le Front populaire est une coalition de partis de gauche (378 députés favorables contre 241 opposants). qui gouverne la France de mai 1936 à avril 1938. C' est une alliance électorale conclue deux ans plus tôt par les trois grands partis de gauche : le parti communiste (PCF) de Maurice Thorez, le parti socialiste (SFIO) de Léon Blum et le parti radical-socialiste (PRPRS) d'Édouard Daladier. Sa victoire soulève dans les classes populaires un espoir d'autant plus grand que le pays est depuis plusieurs années englué dans la crise économique issue du krach de Wall Street de 1929. Le gouvernement Léon Blum, premier gouvernement de coalition issu de la nouvelle majorité, est le premier de la IIIe République dirigé par les socialistes. Il met enplace plusieurs réformes sociales importantes comme les congés payés (2 semaines en 1936), la réduction du temps de travail avec la semaine de 40 heures et l'établissement des conventions collectives.
Cela fait des décennies que La terre dauphinoise est une terre de gauche. Depuis 1920 , le conseil général du département de l'Isère est dirigé par le parti radical-socialiste et dont le président est Léon Perrier.
Léon Perrier (1873-1948), sénateur et patron du département de l'Isère entre 1920 et 1940(avant dernier à droite)
Les résultats des élections dans l'Isère (source Le petit Dauphinois - cumul 1er tour des 8 circonscriptions) sont conformes à la tendance nationale.
Dans le département,le rapport droite / gauche en nombre de députés ne change pas mais les rapports entre les différents partis de gauche évoluent:
- Les radicaux sont en perte de vitesse et sont devancés par les socialistes.
- Les socialistes progressent fortement en obtenant la majorité des sièges isèrois en passant de 3 à 5 députés.
- Les communistes obtiennent des résultats significatifs mais encore insuffisants pour gagner le moindre siège.
Au niveau national
Les vainqueurs : Léon Blum (à gauche) ici avec Vincent Auriol futur président de la république sous la 4ème république entre 1947 et 1954
En 1940,la chute de la 3ème république achève le parti radical (PRPRS). Dans l'Isère ce sera la fin de la présidence de Léon Perrier qui disparaîtra après la guerre.3 des députés SFIO (Martin, Hussel et Ravannat) votent contre les pleins pouvoir au maréchal Pétain
La victoire des socialistes en 1936 reste sans lendemain . Après la seconde guerre mondiale, le match se joue entre communistes (qui auront jusqu'à 34% des voix) et les forces centristes et de droite . Néanmoins les socialistes se maintiennent dans des villes comme Grenoble ou Vienne.
Grandeur et décadence
C'est dans les années 60 que les socialistes reviennent devant les communistes., conservant le pouvoir départemental en alternance avec la droite gaulliste pendant près de 50 ans. En 1981, lors de l'avènement de François Mitterand, tous les députés sont de gauche (6 Socialistes, 1 communiste).
les socialistes et leurs alliés sont encore omnipotents en 2012 avec plus de 37% des voix aux élections législatives suite à l'élection de François Hollande. En cinq ans , ils perdent pratiquement tous les leviers du pouvoir politique local : la commune de Grenoble en 2014, le conseil départemental en 2015 et la plupart des députés en 2017 ( en obtenant seulement 7,5% des voix)
Le front social à Grenoble...
les établissements Merlin Gerin (Schneider Electric en 2022) sont les premiers à entrer en grève le 10 Juin 1936. Le 11 Juin Les ouvriers de Neyrpic font de même. Les occupations et les grêves s'étendent alors dans un grand nombre d'entreprises : Valisère, La Viscose, ciment Vicat, Cartier-Millon(alimentaire), Confiserie des Alpes, Mégisserie Reynier, Air Liquide, les Tanneries de l'Isère, biscuiterie Brun, les grands magasins :galeries modernes (Galerie Lafayette en 2022) , les Dames de France et d'autre entreprises moins connues...
La grève touche des secteurs entiers dont certains habituellement peu impactés: les cinémas, les garçons de café,les garçons coiffeur, le BTP, les ouvriers photographes, le transport routier, l'asile St Robert .Des « corporations entières » s'arrêtent de travailler : les ouvriers métallurgistes, les ouvriers des mégisseries.
Tous les corps de métier se pressent à la bourse du travail (rue Berthe de Boissieux) pour élaborer des cahiers de revendications destinés au patronat hésitant quant à l'application des accords de Matignon. Rapidement, des accords dans chaque entreprise sont signés pour mettre fin aux grèves. Néanmoins, des grèves éclatent jusqu'à la mi-Octobre dans l'agglomération grenobloise ( grève à la mégisserie Terray le 17 Octobre suite au licenciement de 20 ouvriers)
Manifestation des métallos devant le musée bibliothèque de la place de Verdun ( Collection institut CGT d'histoire sociale de l'Isère)
Grève aux papèteries de Lancey (Grésivaudan - 10 Km de Grenoble) en 1936. (Fond Bergès _ musée de la Houille Blanche)
... et ailleurs en France
Après les grèves et les manifs , la vie reprend
La grande foire agricole de Beaucroissant (35 Km au Nord de Grenoble) , foire multi-séculaire démarre en Septembre