Grenoble pendant la 1ère guerre mondiale (1914-18)
Aprés la défaite de la guerre de 1870, la France se trouve animée d’un profond sentiment de revanche envers l’Allemagne qui, entre autres humiliations, l’a privée de l’Alsace et d'une partie de la Moselle. Dans les écoles , les discours patriotiques sont de mise et la détestation du voisin allemand enseignée dès le plus jeune âge. Lorsque par le jeu des alliances la France entre en guerre en août 1914 au coté du Royaume Uni et de la Russie, la mobilisation générale,préparée depuis plusieurs années,s’organise,dans toutes les communes de France. A Grenoble , le sentiment antimilitariste qui avait prévalu avant-guerre s'estompe rapidement après le ralliement de la majorité des socialistes à l'union nationale.
En Isère, suite à la mobilisation générale des forces vives , l’économie s’arrête brutalement. L'entreprise Bouchayer-Viallet passe de 850 à 278 salariés entre Août et Décembre 1914. Toutefois , la guerre s'installe dans la durée et exige de moyens considérables. Une économie de de guerre s'instaure à Grenoble pour produire des vêtements chauds pour les soldats,de l'alimentaire pour le ravitaillement, de la métallurgie pour les armes et de la chimie pour la fabrication de gaz de combat ce qui occasionna par ailleurs une grave explosion le 20 Aout 1918 dans le polygone d'artillerie , là où se situe actuellement le Polygone scientifique. Face au manque de main d’oeuvremasculine mobilisée sur le front, les usines iséroises font appel aux femmes et aux étrangers pour assurer la production. En 1917, les établissements Bouchayer-Viallet compte 2750 employés qui produisent 9000 obus/jour. En Isère,l’effort de guerre a dynamisé la vie économique, en développant l’industrie.
Le front est à plus de 500 kilomètres mais la guerre, indirectement est bien présente. L'annonce des deces dus à la guerre et le deuil restent une affaire familliale. Des milliers de réfugiés venant des départements occupés par les allemands et des zones de combat affluent. Ils sont 16000 en Septembre 1918. Au plus fort des combats ,environ 400 blessés arrivent quotidiennement dans les hôpitaux grenoblois.115 hôpitaux civils et militaires sont disséminés dans tout le département et installés dans des lieux publics comme des lycées ou des hôtels particuliers,
Le 11 novembre 1918,101 coups de canon sont tirés depuis les forts Rabot et St Eynard. La foule, joyeuse envahit la place Victor Hugo de Grenoble pour célébrer la signature de l’armistice. Mais 1800 à 2500 jeunes grenoblois ne sont pas revenus dans leurs foyers. Beaucoup souhaitent que cette guerre en forme de boucherie soit la « der des der »..
La guerre 14-18 a coûté 1400 000 morts et 3 500 000 blessés à la nation sans compter les enfants qui ne sont pas nés pendant la guerre . La démographie , déjà en berne en 1914 ne recommencera à prendre des couleurs qu'en 1943 pendant la 2ème guerre mondiale. Des sommes gigantesques ont été englouties dans l'achat de denrées et de matières premières à l'étranger et dans la réparation des dégâts causés par les allemands dans 15 départements du Nord et de l'est. Le franc germinal , resté stable pendant 1 siècle s'effondre et la Russie , passé sous régime communiste ne rembourse pas les fameux emprunts russes . Cette victoire sur l'Allemagne est une victoire à la Pyrrhus et a provoqué la ruine du pays ,qui était jusqu'à là un des banquiers du monde.
Etablissement Bouchayer-Viallet (EBV) : sortie de l'usine donnant sur le cours Berriat. Le portique et les 2 petites maisons l'encadrant existent toujours ainsi que le batiment administratif à droite et le halle en arrière plan à droite
Usine chimique à le Pont de Claix ( sud de Grenoble). En 2020, cette plateforme chimique est toujours en activité